Les grands mystiques

Le mysticisme est la connaissance et l'expérience de la Réalité ultime par l'introspection. Par le biais du mysticisme, l'être humain aspire à s'élever dans les mondes subtils, transcender toute illusion passagère pour être face à face à la Vérité. C'est la réalisation de l'être, la communication et l'union directes avec le Divin. Le but du mystique est d'atteindre la fusion avec l'Océan infini de conscience.

 

Il y a toujours eu de vrais mystiques, il y en a de nos jours et il y en aura dans l'avenir. Ce sont de grandes âmes qui ont réalisé le but principal de la vie humaine et qui ont aidé beaucoup de personnes à le faire.

 

J'ai simplement choisi cinq noms parmi tous ces géants formidables qui ont marqué l'histoire spirituelle de l'humanité. Les voici;

 

Kabîr

 

Un des plus grands mystiques et poètes de l'Inde, Kabîr naît à Bénarès en 1440 et y passe la plus grande partie de sa vie. Cet humble tisserand illettré vivra une grande histoire d'amour avec Dieu.

 

Vénéré à la fois par les hindous et les musulmans, Kabîr affirme que l'expérience du Divin ne passe aucunement par les rituels, les chants et l'austérité. C'est une expérience directe et personnelle de méditation intérieure. Il fustige avec véhémence l'hypocrisie, la futilité et les pratiques des religieux. Il est condamné par un tribunal musulman et échappe de justesse à la mort.

 

Son enseignement

 

Il rejette le système des castes, prône l'égalité absolue de tous les humains et conserve les concepts de karma et de réincarnation. Il défend le principe d'Ahimsa (non-violence) et condamne sévèrement la consommation de viande. Pour Kabîr, le végétarisme est la seule alimentation à adopter.

 

Il parcourt les villes de l'Inde du nord en proclamant que seule l'expérience mystique intérieure et directe accordée par le Satgourou (le vrai maître)  révèle le secret de la vie. Seul, un cœur pur et simple connaîtra l'amour divin, nous dit-il.

 

Son décès

 

Sa mort en 1518 sera une touchante conclusion et une synthèse de tout son enseignement de tolérance, d'unicité, de simplicité et d'amour. A son décès ses disciples hindous et musulmans se disputent son corps pour célébrer les rites funéraires propres à chacune des deux religions. Mais en soulevant le linceul qui le couvrait, ils trouvent un amas de pétales de roses au lieu de son cadavre. Ainsi ils pourront se les partager pour satisfaire leurs pratiques et coutumes respectives.

 

"A force de lire et de lire, le monde est mort, Et nul n'est devenu savant !"

 

 

Roumi

 

Djalal Al-dîn Roumi, poète et mystique persan, fut un grand maître du soufisme,le mysticisme de l'islam. Certains orientalistes occidentaux considèrent son œuvre comme celle du plus grand poète mystique de tous les temps. Il naît le 30 septembre 1207, à Balkh, dans le Khorasan (aujourd'hui en Afghanistan) et décède le 17 décembre 1273, à Konya, en Turquie.

 

Une rencontre décisive

 

La rencontre d'un étrange derviche errant, Shams de Tabrîz, le 30 novembre 1244, à Konya, va complètement transformer la vie de cet érudit théologien. Roumi reconnaît en Shams le maître spirituel qu'il attendait depuis longtemps. Il abandonne tout pour se consacrer corps et âme à la science mystique de son Maître.

 

La mort soudaine et mystérieuse de Shams de Tabriz laisse Roumi dans un état inconsolable. C'est suite à cet événement que Roumi institue le Samâ , concert accompagné de la danse caractéristique de la confrérie des derviches tourneurs. Aussi,  il écrit le recueil d'Odes mystiques (Diwân-e Shams e-Tabrizi), entièrement consacré à la mémoire de son bien-aimé maître.

 

Un maître d'éveil

 

Roumi nous révèle que la vie a un sens, attise en nous la nostalgie du divin, nous invite à un festin d'amour et nous réconcilie avec la mort. Il est un maître d'éveil qui incarne la compassion, la fraternité, l'humilité et la tolérance. D'ailleurs,  il ne faisait pas de différence entre les religions et il était aimé, non seulement par ses coreligionnaires, mais aussi par les disciples d'autres confessions.

 

Il est l'auteur du Mathnawi, un chef-d'œuvre de quelque cinquante mille vers, qui contient sa philosophie, sa morale et sa doctrine mystique. La créativité de Roumi ne se limite pas à l'écriture mais elle embrasse toutes les formes d'art, telle la musique qui lui permet d'entendre la voix de son Bien-aimé ou la danse qui lui permet de s'unir à Lui dans un mouvement extatique.

 

Pour célébrer le huitième centenaire de sa naissance,  l'année  2007  a été proclamée en son honneur par L'UNESCO.

 

«Dans les cadences de la musique est caché un secret; si je le révélais, il bouleverserait le monde.»

 

 

Jésus-Christ

 

Jésus naît à Bethléem, en Palestine, il y a environ 2000 ans. Il grandit dans la ville de Nazareth, en Galilée auprès de son père, Joseph et de sa mère, Marie. Dès l'âge de 12 ans, Jésus dialogue au temple de Jérusalem avec les docteurs de la loi.  A 30 ans, il commence  sa mission.

 

Son œuvre

 

Il se fait d'abord baptiser par St Jean-Baptiste dans les eaux du Jourdain. Il choisit ensuite douze disciples connus sous le nom d'apôtres, avec lesquels il parcourt la Judée et la Galilée. Il enseigne à de grandes foules, il fait des miracles; il rend la vue aux aveugles, l'ouïe aux sourds, la santé aux malades et il ressuscite même des morts.

 

Son enseignement se base sur l'amour de Dieu, l'amour du prochain et même l'amour de l'ennemi. Il dit que le royaume de Dieu appartient aux pauvres et aux simples de cœur. Il encourage le pardon, la charité et l'humilité. Il emploie des paraboles pour faire comprendre son message et insiste sur la sincérité morale plutôt que sur le strict respect des principes de la loi religieuse.

 

Sa "révolution"

 

Le message de Jésus, sa popularité et sa "révolution" spirituelle dérangent les autorités religieuses juives de l'époque.  Le Tribunal des Juifs, le Sanhédrin le condamne et les grands prêtres font pression sur Ponce Pilate, le préfet romain, pour que Jésus soit condamné à mort. Jésus est humilié, flagellé et crucifié. Avant de mourir sur la croix, il s'adresse à son père céleste en disant:  "Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font."

 

Il est considéré par les Chrétiens comme étant le fils de Dieu, le Messie, le médiateur entre Dieu et les humains. Malgré sa courte mission de prédication qui dure à peine 3 ans, Jésus va infléchir le destin de l'humanité. L'impact de son message transmis par les Églises chrétiennes depuis 2000 ans marquera profondément plusieurs cultures et civilisations.

 

"Si quelqu'un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l'autre."

 

 

Bouddha

 

Le prince Siddharta Gautama naît vers le milieu du VIème siècle avant l'ère chrétienne en Inde. Un jour il sort du palais royal et en se promenant il rencontre un vieillard qui marche avec peine, un pestiféré couvert de bubons purulents, une procession qui transporte un cadavre, et un homme très pauvre qui mendie. Ainsi, il découvre l'existence de la vieillesse, de la pauvreté, de la maladie et de la mort.

 

L'éveil

 

Siddharta quitte alors son palais et sa famille pour rechercher la vérité.  Il s'exile et mène une vie d'ascète mendiant pendant 7 années.  Il pratique les austérités extrêmes des brahmanes pendant longtemps mais ceci n'aboutit à rien.  Il décide de reprendre une vie plus normale, et c'est à l'âge de 36 ans, lors d'une longue méditation de 49 jours sous un figuier qu'il atteint la bodhi, l'éveil à la connaissance suprême.

 

L'enseignement

 

Il enseignera ensuite pendant plus de 40 ans dans l'état du Bihâr en Inde. Sa doctrine, exposée dans son premier sermon de Bénarès, repose sur deux points : - tous les êtres vivants sont soumis à la réincarnation d'une existence à une autre ; - le passage d'un état à un autre est déterminé par les bonnes ou mauvaises actions commises par chacun.  Il prône la bienveillance et la compassion, l'amour des autres et la solidarité avec ceux qui souffrent.

 

À Bénarès aussi, il explique les 4 nobles vérités: celle de la souffrance, celle de son origine (l'ego), celle de la cessation de la souffrance (l'absence de désir) et finalement celle de la Voie qui mène à la cessation de la souffrance. Il nous dit que l'homme s'identifie aux pensées et aux émotions qui l'empêchent de vivre dans le présent et que le remède réside dans la méditation. Il affirme qu'il n'est pas un messager divin ou un être spécial et que l'illumination est possible pour tous les êtres.

 

"Nous sommes ce que nous pensons. Avec nos pensées, nous bâtissons notre monde."

 

 

Lao Tseu

 

Le grand maître Lao Tseu est né en Chine , il y a environ 2500 ans. Il y a très peu d'informations historiques à son sujet. La situation politique se dégrade en Chine, alors Lao Tseu décide de se retirer et de passer la frontière, monté sur un bœuf noir. Un garde-frontière lui demande de résumer sa pensée par écrit pour le laisser passer. C'est ainsi qu’il aurait écrit le livre le plus traduit après la Bible : le Tao-tö king, le “Livre de la voie et de la vertu”.

 

Le sens du Tao

 

Il s'agit d'un long poème philosophique qui a influencé la pensée et la culture chinoises. C'est en assimilant cette œuvre qu'on découvre les profondeurs mystiques de Lao Tseu.  Pour lui, le Tao ou la Voie est le “Sans Nom”, l'énergie d'où proviennent toutes les énergies, le principe cosmique qui engendre l'univers. Le Tao est inactif mais tout-puissant, immuable et unifiant les opposés, il est à la fois l'Être et le non-Être.

 

Lao Tseu nous dit aussi : « le Tao qui peut être dit n’est pas le vrai Tao. Le Tao est Vide… Il est inépuisable… Il est Grand… Il n'agit pas et pourtant tout se fait par lui… Il est le fond secret commun à tous les êtres ».

 

L'une de ses doctrines principales est celle du non-agir qu'il ne faut pas confondre avec ne rien faire mais qui doit inciter l'humain à ne pas dépenser d'énergie inutilement. Le Tao est compassion, amour, sincérité, humilité et ordre.  La vertu se manifeste par l'absence de désir et d'attachement.

 

L'âge d'or

 

Le Tao-tö king nous parle aussi d'une histoire mythique de la civilisation; l'âge d'or, proche de l'origine et de l'unité du Tao, est un monde de simplicité et d'harmonie. Plus la société s'éloigne du Tao, plus elle perd ces caractères et la décadence s'installe.  Lao-tseu préconise un enseignement sans paroles qui doit guider les hommes vers le retour à l'unité première. La pensée taoïste est intuitive et accorde une grande importance à la méditation.

 

"Apprends à écrire tes blessures dans le sable et à graver tes joies dans la pierre."